Le vol vers Washington DC en départ de Montréal est court – j’ai à peine le temps de lire un magazine. Essayez d’avoir comme moi un siège du côté gauche de l’appareil (quand vous êtes assis), ce qui vous permettra d’avoir une vue imprenable sur Washington lors de l’atterrissage. Je suis étonnée de voir à quel point le plan de vol passe près des monuments.
Excitée à l’idée d’aller vite me promener en ville, j’en oublie presque d’aller chercher ma valise sur le carrousel. Oups! Je vais l’attraper et hop dans un taxi. La course vers mon Hôtel, qui est à Dupont Circle, coûte 18$ avec le pourboire. À l’arrivée au Palomar, je laisse mes bagages en consigne (il est un peu tôt et ma chambre n’est pas encore disponible) et je pars à pied vers la maison blanche. Je pourrais prendre le métro, mais j’aime bien commencer le voyage à pied pour me situer un peu. Et il fait tellement beau que ça serait fou de ne pas en profiter. En fait, il fait tellement chaud que j’enlève vite ma veste et mon manteau.
Quelques cerisiers et magnolias maquillent la ville de rose alors que les travailleurs municipaux qui ne sont pas en congé mangent leurs lunchs dans les parcs, badge de sécurité au cou. Au détour d’un carrefour, j’aperçois au loin le Capitol. Je suis bien à DC!
Premier arrêt, la Maison Blanche. Située devant le monument à l’honneur de Lafayette, elle est tranquillement installée sur une pelouse bien verte. Un magnolia parfume l’air derrière la grille qui la protège.
De l’autre côté, des gens vêtus de noir exécutent une manifestation morbide contre la guerre. Il y a aussi cette dame, qui proteste la course aux armes nucléaire depuis 1981. Il paraît que légalement, il est impossible de la retirer des lieux tant que quelqu’un est sur place, alors des membres de sa famille s’occupent de son espace quand elle a besoin de dormir ou d’aller manger. Intense.
J’arrête manger un hot-dog, puis je continue mon exploration vers le Hall, alors que l’obélisque gratte devant moi le ciel bleu. Le parc est immense et j’avoue que je ne sais plus trop par où commencer.
Les chauds rayons du soleil influencent ma décision et je me réfugie dans le National Museum of Natural History. On y présente des animaux empaillés, des os de dinosaures (impressionnants), des pierres précieuses, dont le célèbre Hope Diamond, et plus encore. Comme dans tous les musées de DC, il y a un check-up des sacs et un détecteur de métal à l'entrée, ce qui cause une file à la porte. Ne soyez pas inquiets si vous y allez et qu’il y a beaucoup de gens, la file avance rapidement. Puisqu’il n’y a rien à payer, ça n’est pas comme une file transactionnelle où les gens doivent acheter un billet.
Après le musée, je reprends ma marche vers l’obélisque, monument bâti en honneur à Washington. Le parc fait 3 miles, alors je suis heureuse de porter des chaussures confortables. Derrière le monument, on peut voir le World War II Memorial, la Reflecting pool et le Lincoln Memorial. Devant Lincoln se cachent encore d’autres attractions, que je visiterai en soirée.
Je m’arrête d'abord au WWII Memorial, monument plutôt récent, constitué de colonnes qui représentent les États et les soldats qui ont combattu pendant la guerre. Une fontaine et des bassins font aussi partie du design et malgré les affiches qui ordonnent le contraire, les gens ne peuvent résister à l’attrait de l’eau fraîche pour reposer leurs pieds un peu.
De mon côté, je vais boire un peu d'eau, assise sur la pelouse alors que des fillettes en robes de Pâques nourrissent les canards. Derrière moi, les cerisiers se font de plus en plus présents et c’est là que je me dirige après ma pause.
Les cerisiers en fleurs sont à leur apogée pendant ma visite. Les gens s’y rassemblent pour les admirer, humer leur parfum et prendre des milliers de photos. Les pétales tombent comme une pluie poétique – c’est magique. Certains y vont un peu fort en remuant les arbres et en y grimpant. Dommage, car ces abus risquent de faire en sorte que dans les prochaines années, les arbres seront protégés par des barrières. Il ne faut pas oublier que les cerisiers sont considérés comme un trésor national. Il serait peut-être bon de composer une petite escouade qui circulerait autour du bassin pour retenir un peu l’enthousiasme des gens.
Au loin le Jefferson Memorial et son dôme attirent aussi une foule immense, mais je choisi plutôt de me diriger vers le National Air and Space Museum. Je veux éviter la cohue du samedi et ce musée est celui que j’avais le plus hâte de visiter. Il y a une petite file, mais après 10 minutes, je suis à l’intérieur et ma mâchoire se décroche devant tant de pièces historiques.
Spirit of St. Louis
Skylab
Fusées et missiles
Soyouz
Avion des frères Wright
Je pourrais continuer comme ça longtemps, mais je terminerai simplement la liste avec quelques beaux habits d'hôtesses de l'air et de pilotes, façon vintage. On peut aussi visiter un vieil appareil et admirer l'ancien plateau-repas.
Mes pieds commencent à crier SOS alors je prends un taxi vers mon hôtel, où je me détends un peu avec un verre de blanc (gratuit!) suivi d’un excellent repas en service à la chambre. Je n’ai ni l’énergie ni le temps d’aller au restaurant ce soir, car je dois me rendre à Union Station pour prendre un trolley qui me fera voir les monuments de Washington la nuit, le Monuments by Moonlight tour. On peut réserver des billets ici.
Sous le voile de la nuit et des éclairages discrets, les bâtiments et monuments prennent un autre visage. La guide est sympa et après nous avoir demandé d’où nous venons (je suis la seule Canadienne) et quelques blagues convenues, c’est parti. Après une tournée en ville, on traverse le Potomac pour aller admirer le monument à l’honneur des soldats qui ont combattu à Iwo Jima. Des soldats sont d’ailleurs en train d’y lever le drapeau. Devant le cimetière d’Arlington, j’aperçois le champ de pierres tombales blanches qui se détachent de la noirceur. C’est plus qu’émouvant.
Le trolley se dirige ensuite vers le Lincoln Memorial. Sa blancheur totale et l’immensité de la statue du président sont vraiment impressionnantes. C’est un de ces moments touristiques où on a l’impression de voir une star mondiale, comme lorsqu'on admire enfin le Grand Canyon ou la Tour Eiffel.
Du haut des marches, on a une vue imprenable sur l’obélisque et son reflet.
Je me dirige ensuite vers le Korean War Memorial, une série de statues de bronze qui représentent les soldats revêtus de ponchos de pluie. Ils ne l'avaient pas facile dans l'armée pendant ce conflit. De nuit, c’est encore une fois encore plus représentatif du sentiment d’angoisse que devaient vivre ces soldats jour après jour. Leurs visages sont gravés au laser sur un mur de granit.
De l’autre côté se retrouve le Vietnam War Memorial, célèbre mur où sont gravés tous les noms des soldats morts au combat lors de cette interminable guerre. Éclairée par le bas, la liste des noms s’étirent et s’étirent et le coût de ce conflit est plus que jamais tangible. J’avoue que j’ai versé quelques larmes, à mon grand étonnement. Ce site est tout simplement bouleversant.
Le trolley doit repartir bientôt alors je sèche mes larmes et je retourne vite au point de rencontre. Les passagers s’écrient « MONTRÉAL! » pour me taquiner quand je monte dans le véhicule (je suis la dernière) et je retrouve vite mon sourire. On s’arrête rapidement devant la Maison Blanche pour une photo. Alors que je retourne vers le trolley, un père de famille dit à ses enfants « Quick kids, we have to make it before Montreal! » et passent devant moi en rigolant. Sont drôles les Américains.
De retour à l’hôtel, je réalise que j’ai un sacré coup de soleil dans le cou et le décolleté. Mon truc de survie : une débarbouilette humide, refroidie dans le minibar pendant 10 minutes pour faire une compresse. Je prends aussi un bain de pied super froid, question de me donner une chance et éviter l’inflammation. J’ai probablement marché 15 kilomètres en ce premier jour. Et c’est pas fini!